Les mâles humains sont les plus brutaux envers leurs femelles (parmi les espèces de grands singes) – suite et fin

Ne pouvant produire une synthèse de ce livre très touffu (pour rappel, Pascal PICQ, Et l’évolution créa la femme, Odile Jacob, 2020), j’ai seulement relevé quatre phrases ou paragraphes du chapitre de conclusion, et les ai commentées à ma façon.

Au terme de notre enquête parmi les singes et les espèces fossiles, l’évolution du côté des femmes donne une image peu conforme à l’idée d’une évolution triomphale de l’homme marchant vers la civilisation. L’espèce supposée surmonter les contingences de la nature, s’émanciper du déterminisme naturel où sont engluées les autres espèces et s’améliorer n’a manifestement pas emprunté le meilleur chemin – si ce n’est du point de vue des intérêts des hommes et de la domination masculine. Dans de nombreuses sociétés humaines, les formes de coercition dépassent en violence physique ce qu’on observe chez les chimpanzés et y ajoutent des formes psychologiques et symboliques….

J’intercale ici, comme plus précis, la définition de l’antagonisme sexuel (comme principe d’organisation sociale) selon le lexique de l’auteur : « Systèmes sociaux dans lesquels les femelles se trouvent soumises à toutes les formes de domination par les mâles : déplacements, agressions redirigées, accès aux nourritures comme aux lieux de repos les plus sûrs, intimidations, violences subies [infligées] par un mâle ou des mâles coalisés… Chez les humains, l’antagonisme se renforce au moyen d’injonctions verbales, de termes péjoratifs, d’insultes, de discours visant à inférioriser, de la dévalorisation de toutes les activités féminines et de corpus idéologiques riches de toutes formes d’interdictions et de discriminations sociales, économiques, religieuses, scientifiques, politiques… » (p.426)

… Les grandes reconstitutions encore courantes de l’espèce humaine participent de cette coercition symbolique, rajoutant une justification pseudo-symbolique aux constructions idéologiques de l’antagonisme sexuel élaborées dans tous les domaines de la pensée (cosmogonies, mythes, religions, philosophies, littérature, histoire, politique, etc.). (P. 408-09).

Cette première citation est importante car elle nous appelle à rompre avec l’idée d’une évolution positive, progressiste, « civilisatrice ». L’auteur insiste sur le fait que nous en savons très peu sur ce choix d’un antagonisme accru, qui s’est fait après de nombreux systèmes sociaux plus ou moins égalitaires et en tous cas très divers. Et elle nous invite à penser une société dont l’antagonisme sexuel serait amoindri volontairement, collectivement. Dans les comportements et dans les idéologies.

***

Comme l’écrit Diane Rosenfeld (Sexual coercition, patriarchal violence and law, 2009), la société et la loi ne doivent plus considérer que les violences masculines sont des dysfonctionnements, des cas de violence qui seraient autant de déviances par rapport à la société, comme toutes les formes de délinquance et de crime. C’est un fait de culture et de société, la conséquence d’une histoire anthropologique, idéologique et sociale, donc un enjeu de civilisation. Dans notre histoire récente, les idéologies de la domination masculine se sont parées d’une forme de modernité, du Code Napoléon aux Trentes glorieuses, occultant deux siècles de coercition masculine au nom d’une certaine idée du « progrès », amplifié par la révolution industrielle et le premier âge des machines, dominé par les hommes. Nous y sommes encore. (P.418-19).

Je souligne cette idée que les violences masculines ne sont pas des déviances individuelles, à réprimer au cas par cas, mais un fait de culture et un enjeu de civilisation. Le combat des femmes pour ne pas se taire, porter plus souvent plainte aux autorités, dénoncer publiquement les violences (#Me Too, etc.) doit trouver une autre issue que la simple répression judiciaire, déboucher collectivement sur un « régime de prohibition » sociale. J’emploie ces mots à dessein. Nous avons l’habitude de donner un grand prix à nos libertés. Et nous acceptons plus ou moins difficilement des prohibitions, tels celles de l’alcool et autres drogues, du tabac, du comportement avec un véhicule (casque de protection, ceinture de sécurité, limitation de vitesse), de la protection contre des virus épidémiques. Il faut ici s’en prendre à tous les hommes, à leur conception de leur liberté au détriment des femmes, à leur privilège de dominateur. Dans le cœur des hommes, il y a souvent le sentiment de « savoir se maîtriser » dans ses addictions, ses instincts. Nous avons un « code de comportement », non écrit et très vague, qui nous autorise à approcher les limites. Et nous nous considérons comme les seuls juges de nous-mêmes. Les excès sont considérés par nous comme rares, alors que ce n’est pas du tout le cas. Quand l’appareil répressif s’en prend à un homme violent, nous ne nous sentons pas concernés, oscillant entre le « pas de chance » (solidaire, permissif) et le mépris ou l’exclusion. C’est donc l’idéologie de la virilité qui doit être renversée, rendue obsolète et sans valeur. Déconstruite !

***

B. [Barbara] Smuts établit six facteurs qui participent de la coercition masculine dans les sociétés humaines. Elle distingue :
– le fait d’empêcher ou d’entraver la coalition de femmes, notamment à cause de la patrilocalité ;
– l’aptitude des hommes à constituer des groupes organisés pour s’assurer toutes les formes de pouvoir, dont le monopole des relations extérieures (chasse, commerce, guerres…) ;
– le contrôle des moyens de production et de redistribution ;
– l’existence de statuts inégalitaires économiques, politiques et sacrés qui permettent à des hommes d’accumuler des privilèges et des femmes, tout en exerçant une coercition sur leur sexualité ;
– les comportements des femmes qui favorisent leur contrôle comme ressource et de leur sexualité par les hommes ; en lien avec un dernier facteur :
– l’invention de puissants systèmes discursifs et idéologiques, allant de la soumission à l’acceptation, qui justifient toutes les formes de coercition, tout en incitant les femmes à y reconnaître les raisons de leur condition. (B. Smuts, The evolutionnary origins of patriarchy, Human Nature n°6, 1995).
Si, comme on l’a vu, seules les sociétés humaines reposent majoritairement sur des organisations patrilinéaires et patriarcales inconnues chez les autres espèces, même les plus proches de nous et patrilocales, alors ces six facteurs constituent un propre de l’homme coercitif. (P.420-21).

Ce paragraphe paraît très technique. Il est très évocateur ! Notre espèce a rajouté à la « patrilocalité » (le fait que les femelles partent en « exode », libre ou plus souvent imposé !, changent de groupe et doivent s’y intégrer, tandis que les mâles restent toute leur vie dans leur groupe natal), la patrilinéarité (insistance sur la relation père-fils explicite) et le patriarcat (domination par des mâles apparentés, alliés).

De cette liste de déterminants, on peut induire des « devoirs de déconstruction » :
– favoriser la coalition des femmes, éventuellement en favorisant la ‘matrilocalité’ ;
– désorganiser les coalitions d’hommes dans les institutions (politique, police et armée), dans les métiers et professions, et dans la vie sociale (églises et congrégations religieuses, clubs de chasse, pêche, sport…) ;
– réduire le pouvoir masculin sur la répartition des richesses ;
– réduire l’inégalité des statuts économiques et religieux ;
– modifier le comportement des femmes qui incline à se laisser contrôler et exploiter sexuellement ;
– modifier ces « puissants systèmes idéologiques ».

Plus concrètement, je vois là des tâches où des hommes peuvent jouer un rôle précurseur :
– déjouer ou affaiblir la patrilinéarité en adoptant le nom propre maternel en priorité pour l’enfant ;
– favoriser les réunions réservées aux femmes au lieu de les contester ;
– s’investir dans la lutte des classes, dans la réforme fiscale, dans la laïcité (comme renvoi des religions à la sphère privée),
– etc…

Mais il faut dire aussi de se méfier de constituer une nouvelle coalition d’hommes « pour la bonne cause », une nouvelle secte certaine de sa vérité et sa domination ! Ma liste de tâches pratiques est donc un peu courte. On pourrait parler des tâches ménagères ? du soin des relations ? de la charge mentale ? On voit dans ces « facteurs » listés ci-dessus que ce ne seraient que des faibles moyens pour le changement social nécessaire ! Même s’ils sont nécessaires pour diminuer la coercition masculine et la dépendance féminine en cas de vie de couple.

Il faut donc à côté des tâches concrètes penser à un effort collectif des unes et des autres à raconter une autre idéologie sociale, énoncée ci-dessous.

***

En fait, il devient urgent de repenser notre histoire car, vue justement de la préhistoire, elle inspire irrésistiblement ce constat : les civilisations ne sont pas les amies des femmes. (P.422)

Cet appel à changer notre regard, et avec urgence ! (pour s’en convaincre, je renvoie évidemment au tableau très noir présenté dans l’article précédent), démontre l’importance de ce livre ou plus exactement de son thème de recherche.

Mais notre auteur a surtout voulu faire une démonstration intellectuelle sur un changement de méthode pour les sciences sociales… et tout autre lecteur doit s’accrocher s’il ne veut pas être perdu. Des termes techniques manquent au lexique. Il n’y a pas de bibliographie.

L’auteur s’appuie le plus souvent sur des chercheuses féminines ! Citons notamment, outre Diane Rosenfeld et Barbara Smuts citées ci-dessus, Sarah Blaffer Hrdy, Heide Goettner Adendroth et bien d’autres. Mais l’auteur auquel il réfère le plus souvent et à tous propos, c’est lui-même ! Et comme il publie beaucoup…

Une thématique qui doit manifestement être creusée davantage et arriver à s’imposer.

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Les mâles humains sont les plus brutaux envers leurs femelles (parmi les espèces de singes) — (1ère partie)

Et on se demande bien pourquoi !

« Il n’y a pas de fatalité naturelle ou environnentale à la coercition des mâles. C’est la très grande leçon à tirer d’une approche évolutionniste et de la comparaison entre les lignées de singes et de grands singes ».

Faisons d’abord le constat.

Entre les différentes espèces de singes, et même chez les trois espèces dites hominoïdes (bonobos, chimpanzés et humains), il n’y a pas une tendance commune à la coercition sexuelle : ce n’est pas le cas partout. De même, on ne peut pas distinguer entre espèces matrilocales ou patrilocales (dans l’une, le mâle rejoint le groupe de sa compagne, dans l’autre, elle va dans le groupe du mâle — ce qui est le cas de l’espèce humaine), on trouve divers choix par rapport à la coercition sexuelle.

Globalement, à propos de la coercition sexuelle, les mâles humains, par comparaison avec six autres espèces de singes (1), se distinguent par leur plus grande brutalité dans 15 cas sur 17 :

  • Exercent couramment une coercition avant la copulation (trois espèces ne le font pas) ;
  • Exercent sur les femelles une surveillance individuelle et collective (seuls les chympanzés le font aussi) ;
  • Exercent couramment une coercition après la copulation (cinq ne le font pas, une rarement) ;
  • Exercent une séquestration, avec des formes douces à extrêmes (trois espèces n’y recourrent pas) ;
  • Exercent parfois une association forcée des femelles (seule une espèce, les hamadryas, le fait mais elle a une société entièrement basée sur le harem autour d’un mâle dominant) ;
  • Incitent leurs congénères à la coercition sexuelle (seuls les chympanzés le font aussi) ;
  • Pratiquent fréquemment l’intimidation des femelles (quatre espèces ne la pratiquent pas tant, ou pas du tout) ;
  • Pratiquent fréquemment la copulation forcée (seuls les gorilles le font aussi, d’autres rarement ou pas) ;
  • Pratiquent fréquement le viol (seuls les gorilles le font aussi, d’autres rarement ou pas) ;
  • Pratiquent fréquemment le viol par un étranger au groupe (seuls les gorilles le font couramment), le viol par un familier, le viol incestueux, le viol collectif, le viol punitif, le viol avec violence, le viol suivi de violence, le viol suivi de meurtre (quatre espèces n’ont pas ces pratiques, deux rarement) ;
  • Pratiquent rarement l’infanticide (ici les gorilles font pire) ;
  • Pratiquent fréquemment le meurtre (seuls les chympanzés y ont recours, et rarement) ;
  • Pratiquent fréquemment l’agression des jeunes femelles ;
  • Pratiquent modérément l’agression des femelles matures ;
  • Agressent les femelles tout au long du cycle (les autres espèces le font uniquement au moment de l’oestrus, autrement dit l’ovulation) ;
  • Pratiquent fréquemment la capture de femelles, et la mutilation sexuelle des femelles (seuls les chympanzés y ont recours, et c’est rare ou occasionnel).

Bien sûr, il s’agit d’une vision globale qui prend en compte l’ensemble des pratiques et des situations, y compris des cas de guerre, de prédation, d’envahissement de territoire. Bien des individus n’ont pas ces pratiques dans leur espèce, soit qu’ils sont réprimés par des mâles plus puissants, ou par des femelles, soit qu’ils s’abstiennent de telle ou telle pratique.

Ainsi la pratique du meurtre dans notre espèce n’est pas « courante » mais elle est remarquablement « fréquente » et non rare ou occasionnelle ou absente. Nous pouvons nous vanter d’avoir le beau précepte « Tu ne tueras point » que nous ne respectons pas assez, alors que les autres espèces le mettent en pratique sans le savoir !

***

Je tire ces informations d’un tableau contenu (pp. 155-157) dans le livre de Pascal Picq : « Et l’évolution créa la femme, Coercition et violence sexuelle chez l’Homme » (Ed. Odile Jacob, oct. 2020). L’objectif du livre est notamment d’aborder ces questions : « La coercition envers les femmes est-elle une fatalité évolutive ou une invention culturelle ? Comment s’est instaurée la domination masculine, qui semble être devenue la règle pour notre espèce ? » (page 4 de couverture).

Ce livre est passionnant. Mais il est assez touffu, parfois très pédagogique, parfois perdu dans un jargon de spécialiste, comme si l’auteur avait poursuivi deux lièvres à la fois. Il y a bien un lexique, mais il y a des items qui n’y sont pas. J’ai même achoppé sur des phrases irrationnelles : cela n’aide pas ! Mais je compte bien, une fois au bout de la lecture, aller plus loin sur ce compte-rendu et cette importante thématique. Ne fut-ce que pour compléter la citation en début d’article !

(1) Les sept espèces de singes reprises au tableau sont : les singes-araignées, les hamadryas, les orang-outangs, les gorilles, les bonobos, les chympanzés, les humains. Ce sont des espèces patrilocales et organisées autour de mâles apparentés. De nombreuses autres espèces vivant dans d’autres sociétés sont abordées dans le texte du livre.

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Le groupe des femmes, le groupe des hommes

Voici un extrait du roman L’étrangère, de Sandor Maraï (publié en 1934), traduit du hongrois par Catherine Fay (Albin Michel 2010).

Avertissement : ce texte affiche une vision sexiste (« Les femmes sont toujours… »). Mais je dirai par la suite le contexte de cettte fiction, et l’intérêt que j’y trouve. J’ai déjà donné un extrait de cet auteur, à la lucidité particulière selon moi sur la vie sociale, au début de ce blog (lien donné plus bas).

« Avant tout, il reconnaissait l’organisation particulière de la société des femmes : ce service secret de renseignements à l’aide duquel, de façon invisible, sans utiliser de mots signifiants mais recourrant à des sons et des signes, comme les sauvages dans la brousse qui envoient de vigilants signaux de fumée ou de sourds roulements de tambour pour se prévenir à grande distance du danger imminent, les femmes sont toujours prêtes à s’approprier les histoires des autres et à noter chaque symptôme avec une conscience scrupuleuse. Il finit par apprendre qu’aucun de ses pas, c’est-à-dire aucun fait, aucun geste, aucune décision selon lui des plus anodins, n’échappait aux projecteurs puissants que les femmes braquaient sur lui – y compris et surtout celles qui n’avaient à priori ni raison ni intérêt à cette surveillance mais témoignaient néanmoins d’un zèle désintéressé et instinctif. Il se rendit compte peu à peu que les « commérages » n’étaient pas seulement un penchant humain issu de haines réciproques, une tendance universelle, naturelle et grossière ; il comprit que les ragots étaient l’un des instruments éprouvés du dispositif de sécurité de la société et que, bien qu’ils ne soient pas précisément distingués, on en a beoin, comme la police a besoin des cnfidences des maqueraux et des indics de la pègre, dans l’intérêt public. La société, plus particulièrement la société des femmes, qu’il commençait à entrevoir comme un Etat dans l’Etat, se défend du désordre et de l’émeute avec tous les outils à sa disposition ; et, suite à un examen approfondi, le souci de vérité le poussa à reconnaître cette défense comme justifiée.

(…)

« Il était question de bien autre chose qu’une banale histoire privée, des entiments de Paul et Virginie qui changent ou qui tiédissent ; une intricaation d’intérêts insondable se noue dans chaque histoire intime et, pour les femmes, il était toujours question de cet accord global, ce pacte, ce contrat conclu entre elles au sein de l’univers régi par les hommes et dont les clauses les plus secrètes ne sauraient être divulguées sans constituer une trahison et un péché mortel : tel était le fond de sa pensée. Pendant un certain temps, il s’amusa de cette constatation mais plus tard, quand il s’aperçut qu’il était impossible d’échapper à leur surveillance, que ce soit à l’étranger ou entre les quatre murs, il commença à s’inquiéter. Il mit relativement longtemps avant de se rendre compte qu’il n’y avait aucun refuge face au réseau d’information des femmes, et il capitula.

« Les hommes qu’il rencontrait à cette époque-là se comportaient eux aussi de façon singulière ; consciemment ou non, ils étaient tous au service des femmes et sans vraiment recourrir à des actions perfides, ils ne se privaient pas d’émettre des doutes sur la légitimité de sa révolte en invoquant les arguments ronflants propres à l’éthique masculine. Les femmes leur laissaient le soin d’utiliser avec emphase les jugements moraux ; quant à elles, plus modestement, elles se contentaient de dénigrer la femme à l’origine de sa rébellion. Cette médisance opiniâtre, minutieuse et avisée avec laquelle, dans ce genre de situation, elles s’évertuaient à rabaisser aux yeux du factieux la valeur de son entreprise et son issue prévisible avait longtemps diverti [le narrateur] ; plus tard, il se rendit compte que ces manoeuvres grossières commensaient néanmoins à agir et qu’il n’arrivait pas à s’en préserver. Alors qu’à l’occasion, les hommes, mandatés par les femmes, insistaient plutôt sur « l’indignité » — à peu près sur le même ton dont ils réprimanderaient quelqu’un qui aurait réagi légèrement en achetant beaucoup trop cher un article qu’il aurait pu obtenir pour beaucoup moins cher s’il avait marchandé –, les femmes, en principe et dans leur majorité, trouveraient naturel qu’un homme se sacrifie, mais elles ne comprendraient pas que ce soit « justement pour cette femme-là »… »

***

Dans ce roman, l’auteur met en lumière la réaction de la société bourgeoise contre ce qu’elle considère comme « indigne ». Le héros, à qui on a recommandé de prendre un moment de vacances au loin, a délaissé depuis quelques mois son épouse pour une autre femme, danseuse artistique et bien plus jeune. Après quelques jours de ces vacances, il a annoncé à son épouse (ainsi qu’à un avocat) son intention de divorcer et à son amie celle de l’épouser. Il réfléchit ici sur la pression du contrôle social qu’il a subi depuis les premiers temps de son installation avec son amie. Il décrit l’action des femmes. Bientôt il décrira comment ses amis hommes s’en détournent et montrent leur inquiétude, mais encore tolérante et solidaire. Bientôt un de ses supérieurs, comme envoyé en mission par les autres, viendra l’avertir d’un aire dégouté de « bien faire attention à lui-même » dans son aventure qui est en dehors d’un comportement « digne » et « attendu. On voit donc qu’il y a des rôles distincts mais convergents et quasi organisés du groupe des femmes et du groupe des hommes de la classe bourgeoise.

***

Cette présentation rejoint pour une part les idées que je me fais sur notre organisation sociale entre les sexes/genres et que je présenterais ainsi :

1/ Notre organisation sociale est avant tout marquée par le principe de la domination masculine, qui a notamment des effets sur le groupe des hommes, d’abord, et le groupe des femmes, en conséquence, deux groupes que la domination masculine rend nécessaires.

2/ Le groupe des hommes se donne une norme de comportement sous la projection de la « virilité », un idéal qui donne une orientation importante à l’identité particulière à chaque homme, comme domination et compétition ; en ce sens, les hommes sont « embrigadés » dans une armée de gardiens et de pratiquants de la domination masculine, avec une hiérarchie et une reconnaissance connue d’eux mais non écrite ni instituée, et avec des alliances en fonction de cette brigade et de sa mission. En tant que gardiens, ils pratiquent une surveillance et une répression du comportement des hommes qui est douce et tolérante contre les excès, mais dénigrent violement ceux qui ne respectent pas l’idéal de virilité. Bien naturellement, ils pratiquent un contrôle violent et sournois des femmes ; et ils sont dans le déni de leur rôle et de leurs pratiques, ils refusent d’en être conscients.

3/ Le groupe des femmes donne une structure à celles qui subissent la domination masculine et adopte (et décline) un idéal largement défini par la brigade masculine à son profit, qu’on appelle la « féminité », mais adopte aussi des pratiques de complicité avec cette domination, pour permettre une vie sociale supportable pour toutes et tous, et des profits associés propres aux dominées. Ces pratiques ont un effet de contrôle et de répression contre celles qui voudraient se rebeller.

Je ne développe pas davantage cet ensemble d’idées. On y retrouvera des choses que j’ai écrites à propos de la société des singes (primatologie) dont nous sommes une variante et sur laquelle je compte revenir.

***

Discussion. D’abord, il faut dire qu’il s’agit dans ce roman d’une fiction, et qu’on ne peut attribuer les expression machistes comme telles à l’auteur, Sandor Maraï. De plus, on est en 1934 et la deuxième vague du féminisme ne survient qu’en 1970. Pour autant, je suis admiratif dans la lucidité de cet auteur pour mettre en lumière les « ressorts » qui animent la vie sociale.

Bien évidemment, l’attention est ici portée sur la classe bourgeoise, et la description ne vaut pas du tout pour ce qui serait la conception de « l’indignité » dans la classe populaire. Notamment la mise en couple et la séparation sont plus simples et mieux acceptées tant pour les hommes que pour les femmes dans ce milieu.

Mais ici l’auteur s’attache à définir la « mission », le rôle des femmes comme collectif et des hommes comme collectif au sein de leur classe bourgeoise, et c’est ce qui m’a intéressé. Dans l’extrait précédemment publié sur ce blog (ici), c’est le mépris bourgeois (dominant) et le ressentiment populaire (victime) qui sont très bien dévoilés.

De plus, l’auteur donne une certaine description des pratiques des femmes (plus spécialement dans cet extrait) et des hommes pour garder la structure sociale. Il y a une insistance sur les regards, sur les partages d’information entre femmes, ce que j’appelerai l’empathie, le souci des autres, une forme parmi d’autres du « care » (soin). Mais aussi une forme de surveillance répressive des hommes et surtout des femmes (dont j’ai parlé à propos des tâches ménagères) sur ce qui est « décent », « digne ».

Bien sur, la description n’est pas spécialement positive, avec un rapprochement avec les sauvages, les indics et les maqueraux ! D’où mon avertissement sur le machisme de la description ! (qui ne sautera pas spontanement aux yeux des hommes, évidemment). Mais comme c’est donné comme le raisonnement du héros et narrateur, on peut encore espérer que l’auteur ne s’exprimerait pas ainsi. Des livres de cet auteur mettent en valeur la résistance et l’empathie féminine face à la veulerie sociale, notamment le roman sur la guerre et la vie dans les abris sordides sous les bombardements de Budapest : « Libération ». (Soulignons brièvement que les traductions de Catherine Fay me paraissent remarquables de fluidité et de pertinence).

Mais globalement, cette mise en évidence d’un ressort social des sexes/genres est sufisamment rare pour que j’ai trouvé utile de vous la faire partager.

(Il fallait cela pour me faire « retrouver le chemin » de ce blog après le choc de la pandémie et l’angoisse qui est survenue et m’a saisi à ce moment, et qui se redouble des craintes d’effondrement humain que nous vivons. L’expression me vient d’un frère qui aime bien partager un verre avec les copains et qui me disait : « on a perdu le chemin des cafés ». J’espère que mes lectrices & lecteurs retrouveront aussi ce chemin de mon blog ; je constate que, malgré le recul, il y a encore quelques visites régulières de mes textes).

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Suspension de ce blog ?

Un petit mot pour signaler que ce blog va peut être « en rester là ». Il semble qu’il doive y avoir un souci d’accès au blog entre la firme gérant le blog et la firme gérant l’adresse mail.

Ce blog n’a plus beaucoup de lecteurs réguliers et actifs, qui suivent immédiatement les derniers articles. Le confinelent et ses péripéties a aussi réduit fortement mes activités. Mais par les liens qui circulent sur le Web, à partic donc de vieux articles, il a toujours une moyenne de 125 lecteurs par mois (4 par jour) qu visitent parfois plusieurs pages…

Mais ces chiffres sont trompeurs car les moteurs de recherche sont des visiteurs réguliers également.

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Les femmes peuvent-elles s’habiller librement ?

C’est un bon article de RTBF-news sur le vêtement sportif féminin, qui me permet de revenir sur ce sujet (et sur ce blog, laissé en sommeil…). Vous trouverez le lien ci-dessous.

Partons des « magazines féminins » qui sont un monument de la domination masculine déclinée au féminin. Vous devez vous habiller comme ceci, transformer votre corps comme cela, le parer et le parfumer ainsi, et vous devez cuisiner ces petits plats, et prendre au lit telle attitude pour la gloire et le plaisir de tout homme, de n’importe quel homme.

Et cet asujettissement, déclinons-le en mode, ou en prêt-à-porter, ou en défilé, bref, à tout ce qui peut faire profiter une « industrie » très masculine elle aussi.

Et cela marche ! Les magazines féminins sont achetés et lus, les modes ont du succès, les dépenses s’accroissent : c’est la servitude volontaire prolongée par les femmes, avec un sentiment pourtant de choisir, d’exercer sa liberté de s’habiller.

Remarquons qu’on trouve des magazines centrés sur des taches ménagères : cuisine, couture, tricot, soin du corps, qui sont également uniquement centrés sur un lectorat féminin. De même qu’il y a quelques tendances à créer et imposer une mode masculine, nul doute qu’on va pouvoir créer des marchés relatifs à « la cuisine au masculin » par exemple. Pour autant, le vêtement masculin fut longtemps rétif à toute variation. Très longtemps durant le XIXe siècle, les hommes furent habillés de noir (sans doute par réaction aux excès colorés de l’aristocratie avant la révolution : l’heure était à la discrétion). Ce qui a donné le concept et le slogan du « beau noir » en textile et en teinturerie. Et par la suite, on a toujours la vision d’un habillement « uniforme » pour les hommes, gris ou noir, parfois brun, souvent sombre. Le bleu métallique aussi, et le bleu est revenu à la mode avec la TV, où cette couleur « passe bien ». Et avec l’éternelle « cravate ». Même l’ouvrier ou l’agriculteur pouvait/devait « s’endimancher » avec cet uniforme pour respecter les codes sociaux imposés. Et dans les années ’60, c’est une mode « jeune » et bientôt unisexe qui a été lancée et imposée, profitant de la tendance « rebelle » de ces années. Le « Jean’s » et le « blouson » seront les vecteurs de cette tendance unisexe. Plus tard le « basket » ajouta un autre élément non genré. La « mini-jupe », par contre, fut une forme de retour à la domination masculine dans la mode, contre cet esprit unisexe. Finalement, il y a eu une certaine liberté donnée à l’uniforme masculin : col ouvert, autres accessoires que la cravate, veste souple et ne fermant pas ; liberté plus sensible dans les capitales que dans la « province ».

Je veux bien reconnaître que ce bref historique est caricatural ! Il fait l’économie des variations de période, des variations dans les accessoires (noeud pap’, lavallière, habillements de la « Belle époque » (aux inégalités sociales effarantes !). Mais l’idée d’une domination sociale dans l’habillement, domination totalement genrée (très différente dans l’esprit selon que vous êtes femme ou homme), domination portée avant tout par les hommes, persiste encore aujourd’hui. Et je ne crois pas qu’elle ait fait l’objet d’études, sauf récemment (et que je ne connais pas) : on a fait des inventaires de l’habillement, selon les périodes et selon les continents, des études descriptives de type de qu’on a fait pour les corps également, avec le temps du colonialisme et du racisme. Mais en faire l’analyse, selon les contraintes géographiques et historiques, et selon une division génrée, cela n’a pas été fréquent.

Or, il apparait que le vêtement sportif féminin est l’objet d’une incessante lutte sociale entre les genres ! C’est en tout cas ce qui apparait dans l’article de RTBF-News qu’on trouvera ici.

Les hommes ont d’abord cherché à interdire la pratique du sport aux femmes, et ensuite à leur imposer un vêtement. D’abord « uniforme » dans la décence, donc rejoignant l’imposition du vêtement masculin uniforme, mais féminisé. Ensuite progressivement érotisé mais toujours avec une certaine exigence d’uniforme (la jupette blanche au tennis). Aujourd’hui encore, les fédérations sportives (dont les dirigeants sont massivement des hommes) imposent aux femmes des normes de vêtement à leur profit, dans un but érotique le plus souvent. Si on parcourt la chronologie proposée par l’article, on constate que des pionnières ont imposé d’autres formes d’habillement et n’ont pas eu peur de faire scandale, c’est à dire de refuser l’imposition, ou simplement de jouer avec elle (ainsi le fait de porter des sous-vêtements colorés sous la jupe blanche au tennis est une affirmation de liberté, mais sans doute pas de libération féminine par rapport au regard masculin.

Je conclus en revenant au titre que j’ai donné à l’article, dont le propos est bien plus général que le sport. Il y a en fait une exigence masculine qui passe par le regard des hommes, vis-à-vis de l’habillement féminin. Ce n’est pas le cas partout : dans certaines espèces animales, notamment les oiseaux, ce sont plutôt les mâles qui sont à la parade et les femelles « en uniforme » terne ! Nos espèces simiesques (car nous sommes des singes) sont bien moins différenciés entre mâles et femelles à l’état naturel, ce qui amène à valoriser la taille et la musculation des mâles (qui s’exprime dans leur compétition entre mâles, pour ce que nous en savons). L’histoire du vêtement humain différencié, genré, est donc une histoire de perte de la naturalité, d’adoption d’une culture artificialisante.

Et le regard mâle est donc exigeant et répressif vis à vis de l’habillement féminin, et c’est une des facettes de la domination masculine. Aujourd’hui, nous sommes clivés sur « la question du voile ». Et on peut lire le voile musulman comme l’expression de l’exigence masculine dans un certain type de population. Et on peut lire les religions comme un vecteur (plus ou moins exigeant) de répression morale culturelle et sociale (venant de l’élite, du pouvoir) au sein des populations. Mais on peut voir aussi le regard masculin occidental comme une autre forme de contrôle et de répression sur l’habillement des femmes ; le voile nous prive de l’apparence érotique des femmes et s’oppose ainsi à notre domination ! (Comment faire de l’oeil à une femme dont vous ne voyez pas les formes, ni le bas du visage, qui n’est pas à la parade, qui n’est pas assujettie à notre manière ?). Et je songe à cette tendance presque obligatoire des femmes occidentales à parader dénudées : une décolleté au torse ou une échancrure à la jambe, une épaule, un dos nu, un bas du dos, une taille basse… Où se trouve la liberté dans cela ?

Dès lors, les femmes peuvent-elles s’habiller librement ? Même l’adoption d’un « uniforme » de couleur neutre, rejoint très vite le code masculin et s’en inspire. Sans doute la définition d’un code de vêtement unisexe, tel qu’introduit par les années 50, ne correspondant pas à un regard érotisé, serait une libération utile pour les femmes et tout autant pour les hommes.

Mais l’introduction d’un vêtement, tel que le jeans, est toujours une opération sociale, presque toujours convenue par l’industrie textile. La liberté individuelle est donc très restreinte. La libération est plutôt collective ! On voit dans les pays socialistes l’introduction de nombreux uniformes également, dans un esprit de libération collective en principe.

Rien n’est simple. Il n’y a pas de conclusion nette à donner, selon moi.

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Encore une violence masculine « tombée du ciel en cadeau »

Je ne resiste pas au travail de critique des titres de journaux, où transparait la domination masculine spontanée. Je l’ai fait plusieurs fois par le passé. Cela allait mieux, les titres étaient devenus plus directs et respectueux des faits. Mais je tombe aujourd’hui à nouveau sur une déformation tendancieuse des faits.

« Une femme reçoit plusieurs coups de couteau de son compagnon et décède à l’hôpital » écrit ce jour le site d’information de la RTBF, dont l’article se trouve ici .

Presque tous les critères habituels sont réunis : c’est la femme qui est active dans dans cette phrase, et elle « reçoit » comme un cadeau (?) puis elle décède, sans lier vraiment la mort aux coups. Le mari semble même n’être que le propriéraire du couteau, lequel a donné plusieurs coups !

On me dira que j’exagère, que tout cela tombe « sous le sens ». Justement, c’est avec ce prétexte que la responsabilité masculine est rendue invisible. Le titre réel et respectueux des faits, serait : « Un homme frappe (ou poignarde) sa compagne de plusieurs coups de couteau : elle meurt à l’hôpital. »

Je suis encore très prudent. Je n’attribue pas la cause de la mort, mais je marque l’enchaînement des faits. Il y a eu pourtant un communiqué du Parquet du Procureur.

Des esprits chagrins pourraient regretter qu’on ne précise pas que c’est « au cours d’une dispute au sein du couple », comme c’est précisé en début d’article. Cette précision n’est pas dans le titre. Plusieurs esprits chagrins estiment que cela atténue la responsabilité de l’homme. Mais la passion d’une querelle ne justifie pas des violences, des coups, une arme !

J’ai dit « presque tous les critères » : parfois, la mention même du mâle violent (ici : « de son compagnon ») disparait, dans une phrase tournée ainsi.

Il y a encore du boulot…

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« Les couilles sur la table », le livre de Victoire Tuaillon : enfin un vrai guide pour les hommes et sur les hommes à la lumière du féminisme !

J’ai commenté jadis quelques « guides sur le féminisme » expliqué aux hommes. Ici c’est autre chose. C’est bien plus : interpeller les hommes à partir du féminisme, aller les chercher dans leur confort et leur dire : « on est pas homme, on le devient » et on peut donc le devenir autrement. C’est bien le projet de « Les couilles sur la table », paru chez Binge Audio, Paris, octobre 2019, 18 € seulement.

Et je me rends compte que j’ai négligé de parler de l’émission de radio en postcast développée depuis plus de deux ans par Victoire Tuaillon ! Cette émission qui offre tous les quinze jours une interview sur un aspect du masculin vu à la lumière du féminisme, auprès de personnes compétentes et pertinentes sur le sujet, est vraiment excellente ! Non seulement elle est pionnière, elle est aussi culottée que son titre « Les couilles sur la table », elle est instructive et elle donne à réfléchir. Grande qualité des interviews. Tous les quinze jours, c’est beaucoup. Elle en est au 64e épisode. Elle a 500.000 auditeurs par mois. Un travail courageux, et indispensable. Trouvez-le ici !

C’est donc une vraie négligence de ma part. Et que je m’explique mal…Et j’ai répété cette négligence avec ce livre ! Un vrai déni ! Décidément, il va falloir expliquer.

Victoire Tuaillon a lancé une souscription au printemps 2019. Voulant s’assurer d’avoir 2000 souscripteurs avant de se mettre au travail (pour pouvoir assumer l’édition sous le label de la boîte à postcast Binge Audio, qui accueille l’émission, elle en a récolté bien plus : 4200 !. J’ai donc reçu mon livre à l’automne. Et, pris par une autre lecture très dense (1200 pages austères , livre en prêt), j’ai laissé le livre traîner sur une pile. Je ne l’ai ouvert qu’en fin février, et j’ai un peu perdu la tête avec l’arrivée du confinement au moment de la fin de la lecture. Le confinement fut pour moi long et pénible pour diverses circonstances. Ma plume était plutôt en panne (un seul billet de blog sur quatre mois).

Voilà qui explique un peu le retard… mais pas le déni de deux ans ! Le déni, c’est sans doute une méfiance masculine qui ne veut pas reconnaître l’oeuvre convaincante, qui attend l’erreur ou le pas de trop d’une femme, ou encore qui espère le succès d’un homme qui « ferait mieux ». Déni inexcusable.

Or j’ai pu découvrir que ce livre a connu un important succès de librairie (elle parle de 40,000 exemplaires vendus) autant que… un insuccès médiatique : on trouve très peu de références sur le web, aucune critique développée dans les médias classiques. Quelques avis très brefs de lecteurs sur Babelio ou sur les sites de vente (Fnac, etc.). (petite recherche de presse en fin de billet, pour aller plus loin). Je pourrais citer aussi les blogs de quelques amis militants pour le féminisme et dont je ne m’explique pas le silence.

Victoire Tuaillon a donc voulu présenter une synthèse de son travail. Et par là expliciter sa démarche :

« … Ce n’est pas un point de vue personnel sur le masculin que j’aurais tiré d’observations plus ou moins inspirées de mon entourage proche. Ce livre est une tentative de synthèse des centaines de travaux – articles, thèses, essais, documentaires – concernant la masculinité, les hommes et la virilité, que j’ai eu la chance de lire dans le cadre de mon travail. » (p.9).

« S’intéresser aux masculinités, retourner le regard, c’est donc aussi remettre en question notre économie, nos institutions politiques, judiciaires, médicales, autrement dit, nos structures de pouvoir. Je crois que le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes, mais une lutte contre ces structures qui permettent à la domination masculine de perdurer » (p.13).

Et trois grandes questions sont au centre du livre, explique-t-elle en introduction : le sens de la violence des hommes ; les stéréotypes et les injonctions viriles ; enfin la logique de domination (de genre, de classe, de « race », d’age et de sexualité) de certains hommes sur d’autres hommes.

Je ne vais pas répéter le contenu du livre (lisez-le!) de Victoire Tuaillon qui s’appuie sur des citations et références aux interviews qu’elle a travaillés et aux livres qu’elle a lus. Tache impossible : il y a une quarantaine de sections, comportant des encadrés, et une dizaine de « focus » (extraits de textes mis en évidence). Oui, le livre est très riche en idées diverses.

Au bout de la lecture, j’ai ressenti pourtant une certaine frustration. J’avais un vague souvenir de beaucoup de ses poscasts. Et au fil de mon travail de blog, j’ai aussi certaines idées divergentes avec les textes proposés… Comment expliquer ce désenchantement ?

En fait, à la réflexion, par un esprit de compétition très masculin ! Il « faudrait » rajouter telle référence ici ou discuter telle autre idée… Je ne suis pas astreint à additionner tant de ses bonnes idées et explications aux miennes, mais me suis restreint à soustraire dans une approche négative (inconsciente, malgré l’attente positive?). Il est d’ailleurs frappant de constater que je n’ai pris aucune note (ce que je fais d’habitude pour nourrir ma distance critique, pour travailler avec l’auteur et ressentir son cheminement à travers ses mots, parfois derrière la structure donnée à voir). (En fait, je viens de retrouver une ou deux objections notées à la fin de la lecture !) Je suis surtout sorti de la lecture début mars avec une motivation compétitive : écrire ce texte de livre que je construis dans ma tête et dans des notes depuis longtemps, mais dont la rédaction me fait sans doute peur. Bref, j’ai écris trois pages… et la panique de la pandémie m’a saisi et tétanisé pour longtemps. Tant que je n’aurai pas trouvé une posture modeste (non compétitive), je n’y arriverai pas.

Donc, lisez ce livre, nourrissez-vous de lui, et n’écoutez pas ceux qui font la fine bouche… comme moi. D’ailleurs, pour ma « pénitence » (sic), plutôt mon devoir d’éducation contre le déni et la compétition, je vais lire « King Kong théorie », de Virginie Despentes, que nous recommande Victoire Tuaillon (et qu’elle a longuement interviewée dans le postcast).

*****

Quelques liens trouvés dans la presse :

Bref pas grand-chose, pour un livre qui a connu une très bonne vente et de nombreux souscripteurs !

En cherchant alors sur les blogs, j’ai trouvé le témoignage d’une québecoise, https://delphinefolliet.com/2020/03/15/les-couilles-sur-la-table-par-victoire-tuaillon-dissection-des-masculinites/ et aussi d’un magazine de jeunes journalistes, https://maze.fr/2019/11/les-couilles-sur-la-table-de-victoire-tuaillon-hommes-de-tous-les-pays-questionnez-vous/

Enfin j’ai trouvé une interviewe de l’auteur sur base du livre, juste avant sa publication : https://www.20minutes.fr/societe/2634183-20191025-feminisme-guerre-contre-hommes-contre-domination-masculine-selon-victoire-tuaillon

Donc, lisez-le !

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Violences, répression : deux remarques

Le confinement vous amène des infos qu’on ne suit pas toujours.

1.-

Dans un article belge sur les prisons, avec une belle infographie (sans quoi les pages seraient trop blanches…), je note que les prisons belges abritent « 10.825 détenus, dont 490 femmes ». Et donc 10.335 hommes, me dit ma calculatrice. Il y a des chiffres que, même avec beaucoup de place, il vaut mieux ne pas publier. Donc 4,52 % de femmes et 95,47 % d’hommes. (L’infographie divise les chiffres entre régions et est centré sur l’allègement de la détention, pour 1128 hommes, soit 11.1% d’eux, et 63 femmes, soit 12,28 parmi elles. (Encore mon calcul, à partir de chiffres globaux).

Ce n’est pas là à strictement parler un bon thermomètre de la violence des hommes et des femmes : c’est ceux que notre système judiciaire a décidé de tenir en détention. On sait que de nombreuses violences masculines envers les femmes ne débouchent pas sur une plainte et que, des plaintes pour faits graves, peu aboutissent à une condamnation à la prison. Et d’un autre point de vue, la violence des hommes envers les biens les amènent à prendre des risques et à encourir une répression policière plus attentive. Enfin il y a un biais de classe : les fraudeurs (la violence financière contre l’Etat) sont plus rarement mis en prison du fait des responsabilités sociales qu’ils exercent et du respect social dont ils bénéficient de la part des milieux judiciaires. Il y a même une compétence particulière développée pour léser le bien commun sans se faire prendre : l’ingénieurie « sociale et fiscale », évitant les impôts et les cotisations à la Sécurité sociale.

Il n’en reste pas moins que ces chiffres sont indicatifs d’une différence majeure entre comportement des hommes des femmes. Combattre l’autorité est une tendance sociale du groupe masculin (rappelons-nous cette étude qui montrait que les jeunes garçons affrontaient les sanctions scolaires comme valorisantes parmi eux) ; dominer et soumettre les femmes est une tendance sociale du groupe masculin, sous les formes de la conquête sexuelle, du mépris social et du défoulement violent contre les frustrations.

On en voit la confirmation durant cette épreuve du confinement : beaucoup plus d’appels aux lignes de secours contre les violences sexuelles ; davantage d’hommes désobéissant aux règles du confinement (10% des hommes contre 5 % de femmes, dont une surreprésentation de jeunes de 18/24 ans, dit un journal belge du jour, selon une enquête par sondage portant sur 40.000 personnes).

On peut mesurer combien d’activités sociales rituelles sont offertes aux hommes à titre de satisfaction collective, justement parce qu’ils sont en manque à ce sujet : le café, le stade et, bien sûr, le travail. Autant de frustrations qui ont marqué les hommes dans leur activité sociale leur offrant de la convivialité et de la reconnaissance de leur identité de mâle au sein du groupe.

(NB. Ici viennent dix lignes que je n’aurais pas du rédiger. C’est de la « mecsplication » de la situation des femmes. J’ai beau prendre une perspective anti-virile, anti-dominatrice, je suis quand même à parler à leur place ! Bon, j’ai pas le livre de Titou Lecoq sous la main, où j’aurais déniché la citation nécessaire. Dites-moi mon fait…).

Cela ne veut pas dire que les femmes ont une vie très différente ? Effectivement, elles ont aussi besoin de convivialité et de la reconnaissance. Mais elles sont forcées de satisfaire ces besoins en investissant… les tâches ménagères (et oui, en tirer une valorisation permet de subir cette exploitation avec moins de colère…), les relations à l’intérieur du foyer, et les relations entre femmes par des rencontres en faisant les achats, en fréquentant les écoles (jadis aussi les églises)… On dit que les femmes bavardent ? Sans doute parce le temps de rencontre leur est compté et le temps de solitude « devant l’évier » maximisé ! Nuance : de nombreuses femmes travaillent et c’est un progrès, et de nombreuses femmes ont toujours travaillé : dans le travail agricole, dans les fabriques et les services (La Repasseuse, de Zola). Elles connaissent donc cette socialisation et cette valorisation collective, mais pas trop : leurs salaires sont réduits par rapport à ceux de leurs collègues et accèdent plus difficilement aux places valorisantes ou de pouvoir. Remarquons aussi que les hommes ont des activités spécifiques de loisir collectif (sport, spectacle, café), bien moins répandu pour les femmes.

On constate qu’en prison également, les hommes réclament des compensations à leur frustration : les visites ont été interrompues, ce qui est un manque pour les familles autant que pour les prisonniers ; mais la circulation de la drogue l’a été également, ce qui crée une situation dangereuse, nous dit-on. Ce qui semble dire que les familles de prisonniers doivent se soucier de procurer de la drogue au détenu, en plus d’aliments. Donc que nombre de femmes doivent entrer dans la délinquance, en plus des difficultés financières de la situation pénitenciaire, pour compenser les frustrations.

Le système pénitenciaire comporte couramment des allègements de peine pour « bonne conduite », ce qui est aussi une forme de compensation et de gestion de la frustration, par cet espoir donné. Ce « tribunal »  a permis d’organiser des libérations « sous condition » (bracelet électronique de confinement) parmi les condamnés. Par contre, les personnes retenues pour la durée des enquêtes avant procès ont été beaucoup moins libérées. De sorte qu’on trouve des surpopulations fortes dans ces « maisons d’arrêt », alors que dans les « maisons de peine », on est à un niveau juste acceptable. La surpopulation comporte un risque grave de contamination, si le virus parvient à s’introduire dans la prison. Quand on songe que sont arrêtés préventivement de nombreux petits délinquants (qui ne seront pas davantage emprisonnés avec leur condamnation éventuelle), ou même simplement des sans papiers, ou réfugiés, c’est spécialement injuste.

Nuance traditionnelle pour finir, que les lecteurs attendaient (et qui ne surprendra pas les lectrices) : non, tous les hommes ne sont pas en prison ! Le taux apparent est d’un pour 1000 à peu près (La Belgique compte 11 millions d’habitants). Enfin, il est plus exactement de deux pour 1000 pour les hommes, et d’un pour 10.000 pour les femmes.

Donc, les hommes seraient-ils dans leur immense majorité non violents ?

Il est curieux de savoir que les hommes ont une double injonction sociale : ils doivent savoir se maîtriser, mais aussi ils doivent savoir user de virilité dans des circonstances légitimes. Virilité, c’est à dire violence, et domination/conquête des femmes. De ce fait, les hommes sont enclins à tolérer beaucoup la pratique de la « virilité excessive » ou de « perte momentanée de maîtrise » (ils jugent que : ce n’est pas un salaud, c’est seulement un connard, qui a fait une connerie passagère). Et à penser tous qu’ils assurent globalement leur maîtrise de soi. Il faudra extirper cette double injonction sociale masculine pour que le vécu des femmes qui subissent les violences soit pris en compte. Mais sous quelle forme ?

***

2.-

On sait que la prison est considérée comme un système peu efficace – il assure une répression, il ne garantit pas un changement de comportement. Et la promiscuité carcérale amène le développement et l’apprentissage d’autres violences : drogues, violence sexuelle entre hommes, etc. Notons aussi la radicalisation religieuse, comme basculement vers une virilité morale et sanctifiée. (J’ai évoqué cette virilité grandie par la religion à propos de séminaires catholiques sur ‘la crise de la masculinité’ prétendue).

Un article de Tiphaine Guéret vient de paraître sous le titre : « Le système pénal prévient mal les violences faites aux femmes » dans le CQFD de mai 2020, qu’on trouvera ici. Elle interviewe une chercheuse américaine, Gwenola Ricordeau, qui y parle de justice réparatrice mais aussi de « justice transformative ». (pourquoi pas « transformatrice » ?). La chercheuse souligne que l’espoir et l’exigence mise dans plus de répression pénale, portées par le  mouvement féministe, constitue peutêtre une impasse et un aveu d’impuissance, un pouvoir laissé aux institutions liées à la domination masculine. Et que d’autres voies seraient plus porteuses. Deux extraits :

S’inspirant notamment de pratiques traditionnelles autochtones, elles tablent sur la résolution des conflits par la communauté elle-même. En résumé, il s’agit de privilégier ce que Gwenola Ricordeau nomme « la médiation, la réconciliation et la guérison » plutôt que le recours au système punitif étatique.

La « justice transformative », qui met en avant la responsabilité collective face aux actes des individus. La communauté doit dès lors s’impliquer dans le soutien à la victime d’une agression, à « sa sécurité et son autodétermination ». Le concept repose également sur la reconnaissance par l’agresseur de sa responsabilité et son « changement de comportement ». Il s’agit aussi de se diriger collectivement vers « des changements politiques et structurels des conditions qui permettent au préjudice de se reproduire ».

Si dans son livre, Gwenola Ricordeau reconnaît que « le développement de la justice transformative ne garantit pas une future abolition du système pénal », elle revendique le nécessaire développement d’alternatives de ce genre pour « les communautés les plus impactées » par le système punitif d’État.

En fait, je me demande si le placement de l’homme violent face à la communauté publique, avec le message : « tu as fait une connerie qui te dévalorise aux yeux des femmes et des hommes », un flétrissement plutôt qu’une répression, n’aurait pas un impact juste. Jadis on pratiquait la « mise au pilori » (une cage sur la place publique) Et je me demande si cela n’aurait pas une efficacité suffisante (on connait le pouvoir des réseaux sociaux !). Il faut bien sûr en définir les formes et l’accompagnement…

 

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Tout homme est un abuseur (2)

Au moment où une vague de violences masculines survient, est signalée même par l’OMS, où des mesures de plainte, de refuge sont instaurées en urgence, je me suis souvenu de mon premier article de ce blog, qu’on trouvera ici. J’en reprends le titre : tout homme est un abuseur. Les femmes devront ré-ouvrir les sites « Me Too » avec la mention ‘confinement’… !

La question d’aujourd’hui est : pourquoi, en situation de confinement, les hommes perdent leur maîtrise de soi et s’en prennent avec violence à leur compagne et à ses enfants ? Dans le premier article, je disais combien l’idée avait dû faire son chemin en moi.

En fait, l’abus est en tout homme, mais aussi la maîtrise de soi. Et ce serait une erreur de penser que la maîtrise est morale, culturelle, tandis que l’abus est naturel, instinctif.

La violence est un droit que les hommes s’octroyent. Un privilège. C’est un abus de leur force. Dans le « règne animal » (qui est aussi le nôtre, bien que nous nous en sommes éloignés beaucoup), les mâles défendent le groupe contre les prédateurs d’une autre espèce. Entre mâles d’une même espèce, ils entrent en compétition, pour instaurer des relations de domination au sein du groupe, mais ils se font rarement mal. Ils maîtrisent leur force. Notre espèce est la plus meurtrière d’elle-même. Et j’en arrive à penser que cette violence sans limites va croissant. Avec la venue de l’Homo Sapiens, les autres espèces d’Homo, elles aussi venues d’Afrique, ont disparu soudain (après quelques interactions quand même, car notre ADN d’aujourd’hui garde des traces de croisement avec les Néandertaliens et les Dénisoviens. Serions nous l’espèce qui domine par sa méchanceté ? Ce n’est pas impossible, juste une hypothèse. Bref, l’abus ne fait pas partie de notre nature animale. Mais peut être de notre culture de mâles humains. Aujourd’hui, nous voyons des guerres partout. Comme on l’a fait remarquer, l’image est très mal choisie au moment où l’humanité lutte contre le virus par une marée de « soins » , pratique qui est surtout portée par les femmes (par des infirmiers et médecins mâles aussi).

Et les hommes paraissent mal supporter la frustration. Très mal. Je crois que les hommes comprennent très vite leur position privilégiée de dominant. Elle est visible dans la posture du père. Il coupe la parole, il prend les décisions suprèmes, il a le dernier mot. Et elle est souvent reconnue par la mère qui souhaite voir en son fils les caractères d’un dominant, un homme, un vrai. Un garçon, on lui passe ses caprices et ses violences (jusqu’à un certain point). Les garçons sont donc difficiles à contrôler (j’en ai entendus plusieurs à crier dans les logements, durant le confinement – ce n’est pas un échantillon valable, bien évidemment). A la limite, ils cherchent la confrontation à l’autorité et, comme l’a montré une étude sur les sanctions scolaires, ils tirent une renommée à être sanctionnés, plutôt qu’une dévalorisation.

Il y a donc une conjonction entre l’idée de « force » (défensive), de « domination » sur ses semblables, et de privilèges de jouissance reconnus au dominant. Dans ce cadre, toute frustration remet en cause la hiérarchie vécue. Dans cette situation, le dominant s’autorise à perdre la maîtrise de soi. Et les autres hommes l’autorisent, ils tolèrent le dépassement des limites sociales. Cette violence s’exerce sur des êtres « inférieurs » dans la hiérarchie, et des quasi-objets de jouissance (out en étant des humains), les femmes et les enfants. Cette violence est bien moins tolérée quand elle s’exerce sur des égaux, des hommes (certains confinés ont été condamnés pour avoir craché sur des gendarmes du maintien du confinement).

Rien de cela n’est lié à une nature, à une pulsion (sauf l’avantage de la force). Tout est dans une posture sociale de privilégié qui ne supporte pas d’être frustré de ses marques de domination. On dit souvent que la violence des hommes dans les relations familiales appartient à tous les milieux : c’est que parce que la frustration peut se vivre dans tous les niveaux de domination.

Il faut « détrôner » les hommes. C’est pour cela que toutes les femmes indignées de leur dévalorisation (elles le sont toutes, mais elles font des compromis) sont des féministes, opératrices de ce renversement. Et quasiment aucun homme ne peut arrêter la violence d’un autre homme (sauf à user de la force, en cas de besoin).  Il faut « détrôner » les hommes. Cela passera par un mouvement social dominant, qui va dévaloriser les abus des hommes. Les hommes doivent revenir à la maîtrise de soi, qui est une limite à la force, imposée par une norme sociale (portée surtout par les hommes auprès des autres hommes, mais par les femmes aussi). Ce n’est pas un devoir moral qu’on s’impose individuellement. Car c’est la domination masculine qui doit être détrônée, la hiérarchie sociale qui octroie des valeurs arbitraires et des dévalorisations, qui doit être repensée. Car c’est une culture perverse.

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Où mène la compétition…

Où mène la compétition ? Albert Jacquard s’exprime sur le sujet, et la vidéo a été reprise ce 31 mars sur un site, à propos de la crise économique en cours avec le coronavirus, et de la perte de sens. Et je dois l’info à Rannemari ici.

Mais elle illustre très bien aussi ce que la Masculinité fait aux hommes, avec son contenu de compétition plutôt que d’empathie humaine.

La voici ici : « ON est en train de sélectionner les hommes les plus dangereux »

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