Je ne resiste pas au travail de critique des titres de journaux, où transparait la domination masculine spontanée. Je l’ai fait plusieurs fois par le passé. Cela allait mieux, les titres étaient devenus plus directs et respectueux des faits. Mais je tombe aujourd’hui à nouveau sur une déformation tendancieuse des faits.
« Une femme reçoit plusieurs coups de couteau de son compagnon et décède à l’hôpital » écrit ce jour le site d’information de la RTBF, dont l’article se trouve ici .
Presque tous les critères habituels sont réunis : c’est la femme qui est active dans dans cette phrase, et elle « reçoit » comme un cadeau (?) puis elle décède, sans lier vraiment la mort aux coups. Le mari semble même n’être que le propriéraire du couteau, lequel a donné plusieurs coups !
On me dira que j’exagère, que tout cela tombe « sous le sens ». Justement, c’est avec ce prétexte que la responsabilité masculine est rendue invisible. Le titre réel et respectueux des faits, serait : « Un homme frappe (ou poignarde) sa compagne de plusieurs coups de couteau : elle meurt à l’hôpital. »
Je suis encore très prudent. Je n’attribue pas la cause de la mort, mais je marque l’enchaînement des faits. Il y a eu pourtant un communiqué du Parquet du Procureur.
Des esprits chagrins pourraient regretter qu’on ne précise pas que c’est « au cours d’une dispute au sein du couple », comme c’est précisé en début d’article. Cette précision n’est pas dans le titre. Plusieurs esprits chagrins estiment que cela atténue la responsabilité de l’homme. Mais la passion d’une querelle ne justifie pas des violences, des coups, une arme !
J’ai dit « presque tous les critères » : parfois, la mention même du mâle violent (ici : « de son compagnon ») disparait, dans une phrase tournée ainsi.
Il y a encore du boulot…