Les hommes coupables rivalisent d’innocence

Denis Baupin, accusé par 13 femmes (au moins) de harcèlement sexuel ou d’agression sexuelle, est vraiment navré. Navré d’être incompris. Car il se voit comme un « libertin », appliquant « une forme de libertinage correspondant à la culture des écologistes ». Car si les écologistes protègent les abeilles et les petits oiseaux, c’est pour que la période de rut soit plus belle ? Donc il ne faut voir dans ses dires aucune forme d’aveu et de compassion, ni aucune sincérité  dans les mots : « il y a pu y avoir des situations de libertinages incomprises. J’en suis sincèrement désolé. »

C’est le système de justification de tout violeur ou homme violent : « elle » n’a pas compris la situation. Mes sentiments étaient purs, je n’ai rien fait de grave. «  J’affirme de toute ma vie n’avoir jamais commis de harcèlement sexuel ni d’agression sexuelle  », assure Baupin dans l’hebdomadaire L’Obs.  Et c’est en lien avec le discours traditionnel (répété en boucle ces derniers jours) de la domination masculine française : le « droit à la gaudriole » devenu ici le libertinage. Baupin espère mettre les hommes de son côté. Sur son site web, « Crèpe georgette » a dénoncé avec raison le refus de mettre les mots justes sur les faits illicites : un agresseur sexuel devient « un dragueur un peu lourd ». Baupin reste dans cette veine : une agression sexuelle devient « une situation de libertinage incomprise ».

Cela est donc cohérent avec son attitude du 8 mars : affirmer sa proximité avec les femmes en se faisant photographier portant du rouge à lèvres. C’était encore pour jouer, puisque c’était la journée des femmes (dont on oublie de plus en plus le caractère militant !). C’est par réaction à cette attitude qu’il s’est fait soudain descendre par les témoignages des femmes agressées.

Et Baupin rajoute un peu d’ignominie pour avoir le dernier mot : celles qui l’accusent feraient » une relecture d’épisodes anciens »… du fait des divisions entre écologistes. La théorie du complot !

Rappelons que DSK n’avait aussi rien vu de mal dans son attitude sexuelle à New York. Il avait donc rappelé l’hôtel, car il se rappelait seulement… avoir laissé sa montre dans la chambre. Un coup de fil qui a permis de l’arrêter à l’aéroport avant qu’il quitte les USA.

Baupin a dû quitter la vice-présidence de l’Assemblée, à la demande du PS au nom de la majorité qui l’y avait nommé. Mais il est toujours député du peuple français…

NOTA BENE — Il est bien entendu que les hommes évoqués ici jouissent de la présomption d’innocence judiciaire. M. Baupin n’a pas encore été entendu par la justice (mais il semble avoir présenté son système de défense dans l’Obs) et M. Strauss-Kahn n’a été condamné dans aucune des deux procédures l’ayant visé. Il faut néanmoins d’abord respecter les victimes et leur droit à manifester leur statut de victime, même en l’absence de condamnation, comme l’explique un article du Huffington Post, repris et commenté  ici. Et je n’ai voulu relever dans l’article ci-dessus que ce qui relève de la domination masculine, thème de ce blog.

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Un commentaire pour Les hommes coupables rivalisent d’innocence

  1. Lycanne dit :

    A reblogué ceci sur So Dameet a ajouté:
    Je partage 🙂

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