À propos

Présentation : Je suis un homme, de genre autant que de sexe, du groupe dit ‘les blancs’, avec une scolarisation dite ‘supérieure’, une origine familiale et un statut socioprofessionnel de même prétention. Je suis retraité, j’ai été cadre dans le milieu associatif. Père de famille divorcé. Et en couple.

Objectif : J’ai participé à une tentative de groupe d’hommes travaillant sur la virilité. Son échec rapide m’a laissé un goût de trop peu. Faut y aller, quoi. Donc, j’y vais. Je pense qu’il manque une parole, un récit, un discours qui s’adresse aux hommes à partir des positions du féminisme. Bien sûr, le féminisme parle des hommes, il dénonce le patriarcat ou la domination masculine. Une dénonciation qui doit être ‘sans compromis’. Mais il ne serait pas inutile de faire de la pédagogie explicative, de l’interpellation constructive, plus à même d’ouvrir des perspectives aux hommes désireux de faire du chemin vers une autre relation entre les êtres humains, égalitaire et respectueuse. Et je propose une modeste tentative de prise de parole en ce sens. Les textes qui visent plus spécialement le thème de l’homme dominateur (au delà de la description du vécu de la femme dominée) et des ressorts qui le font agir, sont rares. Et l’analyse « déconstructive » est encore peu développée. Que ce soit dans la théorie, ou d’un point de vue plus pratique comme ici.

Discussion : Bien sûr, l’exercice a ses limites. Il faut veiller à s’approcher de cette vision féministe « sans compromis », ne pas chercher à développer une position de résistance masculine au féminisme (et c’est l’échec le plus classique quand des hommes se réunissent sur le sujet). Le travers des hommes est de se positionner dans le déni de la domination masculine, de vouloir faire une balance compensatrice entre les postures des hommes et des femmes et d’émettre des plaintes réciproques ou ‘en miroir’, balance toujours outrageusement subjective et défensive. Il est aussi parfois de vouloir expliquer aux femmes quel serait un féminisme acceptable ou tolérable (par qui ?) et de se positionner ainsi en donneur de leçons… dominateur et gardien du pouvoir sur les femmes (ce qui est résumé dans le terme de la « mec’splication ».

L’autre travers est celui de l’indifférence masculine. Comme en général tous les groupes dominants refusent d’entendre la demande des dominé(e)s contre leur racisme, leur sexisme, leur mépris de classe (ou la disqualifient avec mépris), les hommes ne pensent pas devoir se remettre en cause face à la lutte féminine pour un changement égalitaire ou un renversement du pouvoir mâle. Seule une minorité s’y intéresse et est ouverte à ces questions, et encore avec des degrés d’implication souvent assez faiblards. L’intérêt est sociologique, etc., et la mise en cause n’est pas cruciale dans leur tête. Mais je veux souligner que les quelques pionniers sont une ressource pour le mouvement s’ils s’adressent eux aussi aux autres hommes en les invitant à suivre une voie qu’ils ont commencé à défricher. Hélas, ils ne le font que peu ou pas du tout…

Anonymat : Pourquoi un pseudonyme ? Je pense qu’il y a un dilemme à ce sujet. D’un côté, on peut (on doit) toujours se méfier d’un anonyme, surtout quand c’est un homme : il peut s’agir d’une stratégie perverse de dissimulation qui, sous couvert de bons sentiments, cherche à tromper son monde, à manipuler des individus. Un degré en dessous, il peut y avoir le ‘goodboy’, qui veut seulement se faire bien voir, quitte à espérer une satisfaction personnelle, morale ou concrète.

Mais d’un autre côté, l’affichage public de son identité peut aussi correspondre à une recherche de reconnaissance publique, très coutumière chez les hommes et chez les intellectuels particulièrement. Elle peut aussi induire un esprit de compétition masculine, de vedettariat ayant à voir avec la virilité. Et elle fait écran au fait que les femmes mènent le principal combat, en première ligne. (Ces trois travers sont sensibles dans la démarche de Pierre Bourdieu écrivant ‘La Domination masculine’, par exemple. Et il y a d’autres exemples).

J’ai préféré en rester à de la modestie, et à avancer des idées dont j’espère un effet ‘boule de neige’ efficace. Tout en protégeant ma vie ‘réelle’, avec d’autres engagements, c’est aussi un motif.

Chester Denis (chester.denis (at) laposte.net)

9 commentaires pour À propos

  1. Lycanne dit :

    Bonjour, c’est ici que je choisis de laisser mon commentaire. Je pourrai commenter chacun de tes articles mais la tâche serait longue… Bravo pour cette démarche dont j’espère aussi l’effet boule de neige. La réflexion est intense, le processus de changement très long… Je me lance à ma manière moi aussi sur mon blog pour mettre en avant certaines actions. Ma démarche est double (même si encore non aboutie) dans un premier temps il s’agit de faire prendre conscience de l’intérêt de valoriser ce statut de femme ainsi que des inepties présentes dans nos sociétés et encore trop communément admises, dans un deuxième temps j’aimerai avoir une action contre ces autres femmes, celles qui mettent à mal la condition féminine (celles qui font des enfants dans le dos, celles qui utilisent leurs atouts pour arriver au pouvoir, ou celles qui se contentent de rester mères…), mais là je ne voudrais pas mal m’y prendre… Nous avons toutes cette dualité en nous… Je vais donc m’inspirer ici et là, lire et partager sur le sujet.
    Encore merci à toi, ton blog est vraiment percutant, je vais continuer de parcourir tes articles.
    Lycanne

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    • chesterdenis dit :

      Merci de ce retour, et du lien mis sur votre site. C’est l’occasion de préciser un point à propos de votre intention d’aller « contre ces autres femmes … celles qui font des enfants dans le dos, celles qui utilisent leurs atouts pour arriver au pouvoir… « . Je vois plusieurs femmes dirent qu’elles sont conscientes que certaines abusent, sont violentes envers les hommes, etc. C’est un fait, bien que ce soit le cas d’une une infime minorité (et cette attention à respecter les hommes et l’égalité est honorable). Dans tout couple, il y a des rapports de force où chacun peut user d’armes à sa disposition. Les conjointes en ont quelques-unes. Les hommes en ont aussi plusieurs. Mais l’essentiel et le point de départ, c’est que le cadre donné est celui de la domination masculine. Et de privilèges dont jouissent les hommes, et d’un mépris souverain qui est inscrit dans la virilité. La femme part d’une situation de dépendance. Le combat est inégal. Certaines abusent pour avoir le dessus, effectivement. Mais les hommes abusent de leur situation souvent sans même s’en rendre compte. Et les hommes (masculinistes) qui mettent toujours en avant des situations où ils n’ont pas le dessus (garde des enfants, etc.) pervertissent la discussion en négligeant (en niant !) cette situation abusive de départ qu’est la domination masculine.

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      • Lycanne dit :

        Bonjour Denis,
        Cette approche m’intéresse et je la conçois (comme pour beaucoup de femmes mon histoire se nourrit de ça), mais je pense que raisonner en « victimes » n’est pas non plus la solution. Si on veut être les égales de l’homme alors il faudrait ne pas user de pouvoirs typiquement féminins, mais rester à armes égales. Nous avons le choix d’entrer par la mauvaise case, ou de mener le combat de façon loyale.
        Je te remercie pour cette réflexion en tous cas, qui, venant d’un homme, est plutôt bienvenue.

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      • linda dit :

        Lycanne, vos deux messages m’ont vraiment mise en colère. Je sais pas comment vous faites, je suis féministe comme vous et pourtant je suis en total désaccord avec chaque mot que vous avez écrit.

        Je vais prendre seulement quelques exemples car sinon ca sera trop long.

        Vous faites du mot « victime » une insulte et un stigmate de honte ainsi qu’un obstacle à un raisonnement construit. Les femmes sont victimes de discrimination, c’est logique qu’elles raisonnent de leur point de vue. Et on peut très bien raisonner en étant victime. Combattre l’oppresseur de sa place de victime ca n’a rien de déloyale. En quoi c’est déloyale d’écouter et de prendre en compte les victimes ou d’adopter leur raisonnement ? Pour moi les seuls qui méprisent les victimes se sont les oppresseurs, les prédateurs, et vous avez choisi de voire les choses comme eux.

        Vous traitez les enfants rejetés par leur pères « d’enfants dans le dos » et donnez raison à des hommes qui éjaculent dans des femmes sans utiliser de contraceptif et qui fuient ensuite leurs responsabilités. Les hommes hétérosexuels doivent militer pour une contraception plus varié. En attendant ce jour, ils ont déjà quelques alternatives ; la capote (masculine et féminine), le remonte couille toulousain, la vasectomie, la sexualité non pénétrative. Là encore vous avez choisi de voire les choses à l’avantage d’hommes, qui font du cinéma pour ne pas payé de pension alimentaire au moment des divorces.

        Vous accusez les femmes d’être promu au travail en couchant avec leurs supérieurs hiérarchiques. Vous oubliez que l’homme est le seul fautif dans cette histoire. C’est le supérieur hiérarchique qui fait du chantage sexuel à une femme qui lui est inférieur hiérarchiquement et donne un poste à responsabilité en échange de faveur sexuelles. Et c’est à elle qu’on le reprochera. Vous faites aussi comme si ces accusation de « promotion canapé « n’était pas une grossière dissimulation du harcèlement sexuel masculin sur le lieu de travail qui est massif et handicape lourdement les femmes. Encore une fois vous avez pris le point de vue qui avantage les hommes.

        Pour finir vous insulter les femmes qui choisissent d’être mère et qui ne veulent pas avoir un emploi hors du foyer, les accusant de nuire aux autres femmes et au féminisme.
        Le féminisme c’est pas un club pour que les femmes fassent tous pareil que vous. Il y a des femmes qui n’ont pas d’autre ambition que d’être mères et c’est aussi une très belle ambition, ni plus ni moins que de devenir la maîtresse du monde ou la cheffe du service compta, ou je ne sais quoi qui vous contenterais vous. Et ici encore une fois vous adopter un point de vue oppressif sur les femmes. Comme si l’élevage et l’éducation des enfants n’était pas un véritable travail et une ambition respectable.

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        • chesterdenis dit :

          J’ai laissé publier ce ‘coup de colère’. Ce n’est pas à moi à le critiquer, ni d’intervenir. Mais je demande que la discussion d’un commentaire se poursuive ailleurs (faites un copier-coller). Elle n’a pas de lien avec ma page ‘à propos’.

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  2. marie dit :

    « faire des enfants dans le dos…!!! »Une vraie égalité ferait que les hommes se sentiraient également préoccupés par leur « fécondité  » à eux et se chargerait par leur propres moyens de ne pas se « faire faire des enfants dans le dos!!! »….Un homme qui ne veut pas d’enfants avec une femme a tous les moyens possibles pour ne pas en faire, sans faire porter cette responsabilité sur sa partenaire..
    Consternant qu’une femme véhicule ce type de propos cliché (je m’en étrangle;-))

    Et il n’existe pas non plus de « pouvoir typiquement féminin » (Lesquels?)

    Mon expérience aujourd’hui (je suis quinqua) me mène à constater que , outre l’incessante prise en compte de ce désir de domination masculine, qu’il faut combattre quotidiennement (et parfois malgré la tendresse et le respect que nous avons pour ceux qui, en toute bonne foi, nous l’assène),on doit en plus subir le discours véhiculé par les femmes , qui sans s’interroger sur leur propre responsabilité dans cette domination , n’hésitent pas à le transmettre, elles aussi en toute « bonne foi ».

    Oui, il y a des femmes exécrables (et pourquoi les femmes ne seraient elles pas aussi exécrables? ) qui se victimisent et je sais les remettre à leur place quand j’en rencontre mais si les « féministes » ou celles qui se disent telles ne réfléchissent pas non plus à leur propos, comment pourra t’ on y arriver ?
    Je suis féministe je ne m’estime pas « victime » des hommes, il y a surtout un manque d’éducation des hommes et des femmes à ce que signifie la liberté et l’égalité.
    Bien à vous

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  3. Bonjour,
    J’aime bien votre approche, que je trouve originale. (Ou plutôt : la bulle dans laquelle j’évolue ne m’avait pas encore portée vers des discours comme le vôtre.) Je m’abonne de ce pas !

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  4. Nine Rouve dit :

    Bonjour Chester Denis,
    je m’abonne aussi. L’ouverture de la question que vous faites m’intéresse. Que vous tolériez les points de vue aussi. Le mien, ma ligne est la suivante : Il n’y a pas les hommes d’un côté et les femmes. Il y a des valeurs masculines et des valeurs féminines, portées par les hommes et les femmes en un kaléidoscope, une composition propre à chacun. La dépréciation des valeurs féminines et l’avènement des valeurs masculines date d’une époque récente et par son jusqu’auboutisme constitue notre malheur à tous. Bien à vous.
    -N.

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  5. Ping : Une maman féministe doit-elle perpétuer chez son fils « l’esprit de conquête  masculin ? (Réaction) | «Singulier masculin

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