La campagne « HeForShe » vient d’être lancée en France. Il s’agit d’une campagne de l’ONU en faveur de l’égalité Hommes-Femmes et ciblant spécifiquement les hommes, qui sont appelés à signer leur ‘engagement’. Je viens de signer.
« HeForShe », c’est littéralement « LuiPourElle ». Cet accolage de mots est spécifiquement une mode anglophone (liée aux SMS et autre Twitter ?). En français, on dirait plus adéquatement « Moi pour Elles ». Mais laissons ces questions de domination de l’anglais, il y a plus grave.
Cette campagne a un « partenaire », c’est-à-dire un Sponsor, un financeur, un ‘mécène’. Quelqu’un qui a suffisamment de sous pour en mettre quelques-uns dans cette cause.
La mise de fonds n’est apparemment pas très conséquente : un site web multilingue de quelques pages, avec gestion d’une liste de données des signataires. Le mode d’affichage semble indiquer que le prestataire Web du sponsor a conçu également le site de la campagne. (Il se peut que d’autres prestations soient financées).
Ce sponsor généreux, c’est « JPMorgan Chase & Co ». Il y a de quoi s’étrangler. Cette banque vient d’être mise à l’amende (avec une bonne bande d’autres banques) par l’Union Européenne, les États-Unis, la Suisse, l’Angleterre, etc., pour manipulation des taux d’intérêts mondiaux. Elle avait aussi été condamnée dans les affaires Madoff, Leeman Brothers, etc. Elle a même reconnu qu’elle avait jadis accordé des prêts en acceptant des esclaves à titre de caution ! (selon Wikipedia-JPMorgan-Scandales). Malgré des amendes record, il semble qu’elle ait trouvé important de dépenser quelques fonds aussi ici.
Cette banque s’achète donc une virginité éthique à bon compte, grâce à la lutte féministe pour l’égalité (qui n’est qu’un aspect de la lutte féministe). C’est du Blanchiment éthique.
Et cela dans une campagne « d’engagement » qui n’engage pas à grand chose, qui ne construit pas grand chose. Sa « trousse d’action » vise les institutions et associations, pas les hommes. Sa ‘stratégie’… est en anglais, je ne l’ai pas consultée.
Bref, des bons sentiments qui se fondent sur les luttes nombreuses — contre le viol, le harcèlement de rue, la prostitution, etc, ou pour le salaire égal, l’avortement, la parité, etc., — qui ont été d’abord menées courageusement par des femmes de tous milieux, de toutes cultures, de toutes nations. S’il peut être sensé pour l’ONU-Femmes de chercher à mettre ces questions à l’agenda politique partout dans le monde, il est odieux que cela serve à blanchir éthiquement (et à si peu de frais !) des banques qui dominent et exploitent odieusement, frauduleusement, l’économie mondiale, donc les peuples du monde entier. Une façon de pourrir le combat des femmes.